Hypnose et Mentalisme : entre réalité thérapeutique et illusion de spectacle

En 2010, Bastien DiFrance, jeune hypnothérapeute formé à l’IFHE, se faisait connaître du grand public grâce à l’émission Secret Story. Présenté comme un « mentaliste », son profil intriguait : entre intuition aiguisée et communication non-verbale, Bastien semblait capable de lire dans les pensées. Mais de quoi parle-t-on réellement ? Qu’est-ce que le mentalisme, et surtout, quel est son lien avec l’hypnose ?

Mentalisme : entre psychologie oubliée et magie de scène

Le mot mentalisme est un véritable caméléon. Il désigne, selon le contexte, des choses bien différentes :

• En psychologie, le mentalisme est un courant théorique du début du XXe siècle (notamment porté par Alfred Binet, créateur des premiers tests de QI), qui s’opposait au matérialisme ambiant. Il prônait une approche introspective et subjective du psychisme.

• En spectacle, le mentalisme est une branche de la magie scénique. Les artistes simulent des capacités extraordinaires (télépathie, clairvoyance, prédictions) à l’aide d’illusions parfaitement orchestrées. L’objectif est le divertissement, pas la vérité.

Aujourd’hui, c’est cette seconde définition qui prédomine dans le grand public. Des artistes comme Derren Brown, Gary Kurtz ou Raymi Phenix se présentent comme mentalistes, tout en précisant clairement (du moins entre professionnels) qu’il s’agit de spectacle, pas de parapsychologie.

Dans la fiction télévisée (Le Mentaliste), Patrick Jane utilise des capacités d’observation et de déduction exceptionnelles, proches du profilage criminel. Mais ce personnage est une construction narrative : un mélange de Sherlock Holmes, d’hypnothérapeute, et de prestidigitateur… sans véritable ancrage dans la réalité professionnelle.

Le « truc » du mentalisme

Le mentalisme de scène repose sur des astuces. À la manière des illusionnistes, les mentalistes manipulent l’attention, exploitent des biais cognitifs, utilisent le langage corporel et des techniques de suggestion pour créer l’illusion de dons paranormaux.

Par exemple, un mentaliste peut demander à une personne de penser à un prénom, puis révéler ce prénom… et même le faire apparaître en rouge sur son bras, là où la personne le tenait. C’est bluffant, impressionnant, mais ce n’est pas surnaturel : c’est un tour, un effet, un truc.

Ce n’est pas parce qu’il y a un secret que c’est magique. C’est parce qu’il y a un secret et qu’il est bien caché que c’est spectaculaire.

Or, il est essentiel de rappeler qu’un magicien n’a pas à dévoiler ses secrets, tant qu’il reste dans le domaine du spectacle. Mais s’il utilise ces techniques pour faire croire à des pouvoirs réels en dehors de la scène, cela devient une manipulation éthiquement discutable, voire dangereuse.

L’hypnose : une science humaine, pas une magie

À l’opposé de ce monde de l’illusion, l’hypnose thérapeutique est une pratique sérieuse, utilisée pour aider les personnes à surmonter des troubles psychologiques, émotionnels ou comportementaux.

L’hypnothérapeute travaille avec des processus naturels de la psyché humaine : la suggestion, l’introspection, la focalisation de l’attention. Il s’appuie sur la relation avec le patient, sur une observation fine, sur le langage… mais sans aucun « truc ».

Contrairement à l’hypnotiseur de spectacle, l’hypnothérapeute n’endort pas son patient à coups de pendule ou d’injonctions autoritaires. Il l’accompagne, dans une posture bienveillante et collaborative, pour mobiliser ses ressources inconscientes en vue du changement.

Et non, il n’a aucun don mystique : il apprend, il pratique, il affine son intuition, il se synchronise avec son patient pour mieux comprendre et intervenir. Cela peut paraître impressionnant… mais c’est parfaitement humain.

Mentalisme et hypnose : points communs et différences

On pourrait croire que mentalisme et hypnose n’ont rien en commun. Et pourtant…

• Tous deux reposent sur l’observation fine du comportement humain.

• Tous deux utilisent des techniques de communication verbale et non-verbale.

• Tous deux peuvent provoquer des phénomènes étonnants… mais pour des finalités totalement différentes.

Le mentaliste simule l’intuition, le pouvoir de deviner l’impensable. L’hypnothérapeute, lui, développe une intuition réelle, fruit d’une écoute profonde et d’un travail de synchronisation avec l’autre.

Le mentaliste fait croire à l’extraordinaire, par mise en scène. L’hypnothérapeute révèle l’extraordinaire du fonctionnement humain, par accompagnement.

Le mentalisme sert le divertissement ; l’hypnose sert la transformation personnelle.

Le cas Bastien DiFrance : un « mentaliste » pas comme les autres

Dans Secret Story, Bastien DiFrance a été étiqueté « mentaliste » par la production, pour ajouter du mystère à son personnage. En réalité, Bastien est hypnothérapeute formé, connaissant les outils de la PNL et de l’hypnose moderne. Ce qu’il met en œuvre, ce ne sont pas des tours, mais des techniques d’analyse et de communication… bien réelles.

Dans un contexte de jeu où l’observation des autres est primordiale, ces compétences lui donnent un avantage, sans pour autant lui conférer de « pouvoirs ».

En conclusion

Le mot mentaliste est à la mode, mais il recouvre des réalités très différentes. Entre magie de scène et hypnothérapie sérieuse, il y a un monde. Il est crucial de ne pas confondre spectacle et thérapie, illusion et transformation.

L’hypnose ne cherche pas à impressionner : elle cherche à aider. Elle ne fait pas croire au surnaturel : elle révèle le naturel extraordinaire de notre esprit.

Alors oui, hypnose et mentalisme peuvent parfois se croiser, notamment dans les outils utilisés. Mais l’intention, elle, fait toute la différence.