Quand l’hypnose libère la conscience…

Et si la douleur, l’anxiété et les phobies pouvaient être soulagées par un simple changement d’état de conscience ?

Longtemps associée à des images de spectacle ou à des pratiques ésotériques, l’hypnose reste un mystère pour beaucoup. Pourtant, elle s’impose aujourd’hui comme une méthode thérapeutique sérieuse, capable d’apporter des réponses concrètes à des problématiques telles que la douleur chronique, l’anxiété ou encore les phobies. Mais pour cela, encore faut-il la comprendre au-delà des clichés. Et si, plutôt que de « plonger » dans l’hypnose, on parlait d’activer la conscience ?

L’exemple d’une phobie : apprivoiser la peur par la conscience

Prenons un exemple concret : la phobie des araignées. Une séance peut commencer de manière très simple : allongé confortablement, les yeux fermés, le patient est invité à porter attention à sa respiration. Progressivement, l’esprit se détend, le corps aussi. Loin d’un état de sommeil ou d’abandon, il s’agit plutôt d’un état de calme lucide, propice à une meilleure écoute de soi.

Dans cet état de conscience modifiée, le travail peut commencer. Il ne s’agit pas nécessairement d’explorer le traumatisme initial, mais de reprogrammer la perception de l’objet phobique – ici, l’araignée – dans un cadre de sécurité et de confort. Le patient visualise cet animal tout en se sentant serein, maître de la situation. À la fin de la séance, il est invité à remercier son inconscient bienveillant, ce « partenaire intérieur » qui a œuvré en coulisses.

Une technique qui fait encore peur

Et pourtant, malgré son efficacité, l’hypnose souffre toujours d’une image ambivalente. Lors du congrès national d’Hypnose et de Thérapies Brèves à Clermont-Ferrand en 2019, une démonstration d’hypnose ericksonienne – la forme la plus répandue aujourd’hui – a illustré cette dualité. L’idée d’un « inconscient bienveillant », bien que rassurante pour certains, évoque chez d’autres une forme de mysticisme, presque religieuse.

Ce flou autour de l’hypnose rebute encore. Certains la perçoivent comme un outil de manipulation, influencés par des spectacles de music-hall où l’on fait « aboyer » le public. D’autres la considèrent comme dépassée, en décalage avec les connaissances actuelles sur le cerveau et la conscience.

Vers une hypnose moderne : les Techniques d’Activation de Conscience (TAC)

Pour répondre à ces critiques, une nouvelle approche de l’hypnose a émergé au début des années 2000, en dialogue étroit avec les neurosciences. Sous l’impulsion de collaborations avec des figures comme Alain Berthoz, Jean-Pierre Changeux ou Stanislas Dehaene, est née une pratique renouvelée : les Techniques d’Activation de Conscience (TAC).

Fondé en 2015, le Collège international des techniques d’activation de conscience (CITAC) vise à promouvoir cette méthode plus rigoureuse, débarrassée des connotations ésotériques. Le terme « activation de conscience » souligne que le patient ne subit pas, il participe. Loin d’être un état passif, la transe est une expérience dynamique, vivante, marquée par des signes physiques et une activité cérébrale mesurable.

Un espace de liberté intérieure

Ce paradoxe est au cœur de la TAC : même si le patient est sensible aux suggestions du thérapeute, il se sent profondément libre et maître de lui-même. Les recherches menées par le neuroscientifique Pierre Rainville ont d’ailleurs montré que certaines zones cérébrales liées au sentiment de contrôle – comme le cortex cingulaire antérieur – sont temporairement désactivées pendant la transe. Cela peut donner l’impression que les gestes viennent « tout seuls », mais jamais contre la volonté de la personne.

Et c’est là toute la puissance de cet état : un accès à un espace intérieur, où l’on peut revisiter un souvenir, modifier une perception, ou encore se libérer d’un automatisme de peur. Le thérapeute ne fait qu’ouvrir une porte ; c’est le patient qui choisit où aller.

Conclusion : une révolution douce mais réelle

En nous libérant des peurs irrationnelles liées à l’hypnose, les Techniques d’Activation de Conscience nous offrent un nouveau regard : celui d’une méthode ancrée dans la réalité du cerveau, mais capable de toucher la profondeur de notre vécu. Une médecine de la conscience, en quelque sorte, qui redonne au patient le pouvoir d’agir depuis son monde intérieur.

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